50 ème anniversaire de la création
du 3 ème Régiment de Parachutistes Coloniaux

(aujourd’hui 3 ème Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine)

Les 3,4 et 5 novembre 2005, les paras du 3 ème RPIMa, les Anciens du Régiment et les Carcassonnais ont fêté le cinquantenaire du 3 ème RPC. L’ANORI était représentée à cette célébration par le colonel Albert AUTHIER, qui, dans cet article, rappelle le passé militaire de Carcassonne et rend compte des cérémonies et festivités du cinquantenaire du glorieux « 3 ».

Carcassonne : ville garnison

Carcassonne ne peut qu’avoir un passé militaire puisque sa cité est le plus beau et le plus important ensemble de fortifications médiévales au monde et que sa ville basse ou Bastide Saint Louis rappelle son importance stratégique aux 15 ème, 16 ème et 17 ème siècles.

Après la construction de 3 casernes à l’extérieur des remparts il y a deux siècles et demi, Carcassonne a toujours été une ville de garnison. Cavalerie et Infanterie de Ligne occupèrent ses 3 immenses « Cazernes » :Iéna, Laperrine et La Justice. Au 20 ème siècle, des troupes dites « Coloniales » se succédèrent pour profiter sans doute du soleil du Midi et de la proximité du port de Port Vendres. Entre les deux guerres mondiales, les Tirailleurs Indochinois et le 24 ème RIC mettaient des notes colorées et folkloriques dans la cité et la Bastide.

Après le passage des germains, Carcassonne retrouva son 24 ème RIC qui, de 1946 à 1954, forma des « Coloniaux » à l’Ancre d’Or envoyés en Indochine et des « Parachutistes » au béret Amarante sur le terrain d’aviation voisin de Salvaza.

De 1955 à 1961, les contingents d’appelés firent leurs 4 mois de classes au sein du 24 ème RIC avant de partir en Algérie et d’être ventilés dans les Régiments d’Infanterie… Puis le 24 ème RIC, devenu le 24 ème RIMa, déménagea à Perpignan.

La Caserne Laperrine était vide ce qui lui permit d’accueillir un régiment formé en Algérie en 1955 par le colonel Bigeard pour les besoins du « maintien de l’ordre » : le 3 ème Régiment de Parachutistes Coloniaux, devenu pour les nécessités des relations publiques (puisqu’il ne fallait plus parler de Colonies), le 3 ème Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine.

Le 3 ème RPIMa n’avait jamais connu le sol de Métropole. Il arriva en automne 1962, descendit des véhicules à l’entrée Est de la ville, défila par 6 de front sur la N113 pour rejoindre ses nouveaux casernements : il n’y avait personne pour regarder les glorieux paras… Depuis, Carcassonne et les Carcassonnais se sont bien rattrapés et admirent « leur Régiment ». Le nouveau rond-point construit à l’entrée de Carcassonne en venant de Narbonne a été baptisé « Rond-point du 3 ème RPIMa » pour commémorer cette arrivée passée inaperçue…mais il faut honorer et surtout garder tous ces militaires (maintenant professionnels) qui injectent une manne financière importante et bienvenue dans l’économie Carcassonnaise.

Depuis 43 ans donc, une histoire d’Amour, amour de raison, lie Carcassonne à « son Régiment », le 3 ème RPIMa.

La Caserne Laperrine accueillit sans difficulté ce régiment parachutiste arrivé en sous effectif avec quelques Jeep et GMC. Mais bientôt, il fut à l’étroit car il s’étoffa (jusqu’à 1 500 hommes) et se mécanisa : les travaux commencèrent, ils ne devaient plus s’arrêter. On refit toutes les toitures et les locaux de la Caserne d’Iéna, on construisit un splendide Mess, on aménagea toutes les chambres, et on achève l’immense parc auto du terrain Romieu.

Les Anciens du 24 ème RIC et du 24 ème RIMa et les nouveaux Retraités du 3 ème RPIMa qui habitaient dans l’Aude fondèrent, en 1970, l’Amicale des Anciens Coloniaux qui, depuis, est devenue l’Amicale des Anciens du 3 et des TDM (plus de 600 adhérents).

Sous l’impulsion de ces Anciens et avec le soutien des chefs prestigieux qui ont commandé le 3 ème RPIMa, le culte du souvenir est très vivace et l’Amicale recrute dans toute la France.

En 1992, à l’occasion du trentième anniversaire de l’arrivée à Carcassonne, des fêtes grandioses ont rassemblé, pendant trois jours, les Paras du 3, les Anciens de l’Amicale du 3 et des TDM et les Carcassonnais.

Plus tard, un monument du souvenir, sculpture dans la pierre d’un Para d’AFN grandeur nature, fut édifié au pied du mât des couleurs qui est le mât ramené de Sidi-Ferruch. La salle d’Honneur et la Crypte du Souvenir sont des modèles du genre.

Régiment et Amicale ont voulu une commémoration exceptionnelle pour le 50 ème anniversaire de la formation du 3 ème RPC et le 25 ème anniversaire de la création de l’Amicale.

C’est cet événement qui a eu lieu les 3, 4 et 5 Novembre 2005.

Cinquantenaire du 3 ème RPC

En Algérie, le soulèvement, pudiquement appelé « événements », avait commencé en Novembre 1954.

En 1955, le calme n’étant pas rétabli avec les faibles troupes stationnées sur place, il sembla nécessaire d’augmenter les effectifs. Profitant du retour d’Indochine de cadres expérimentés, on créa des régiments capables de traquer les « rebelles » dans les djebels les plus inaccessibles.

C’est ainsi qu’en Novembre 1955 fut créé le 3 ème Régiment de Parachutistes Coloniaux qui reprit les traditions du 3 ème BCP formé à Meucon pour les besoins du conflit en Indochine et dissout après Dien Bien Phu.

La formation et le commandement de ce nouveau Régiment de Parachutistes Coloniaux furent confiés au lieutenant-colonel Marcel BIGEARD déjà auréolé de gloire après ses campagnes en Indochine. Les Cadres, Officiers et Sous-Officiers, avaient l’expérience des combats. Les Parachutistes étaient des engagés anciens ou nouveaux et aussi des appelés inexpérimentés.

De 1955 à 1962, le 3 ème RPC fut de tous les coups durs en Algérie, parcourant toutes les pistes et les djebels. Les très nombreux Parachutistes qui servirent dans ses rangs pendant ces 7 ans ininterrompus de combats et de crapahuts ont gardé la nostalgie de l’ambiance de camaraderie qui régnait au cœur de cette unité d’élite : l’esprit de corps était et demeure très fort. C’est pourquoi certaines occasions permettent à ces Anciens (actuellement septuagénaires) de se retrouver, d’évoquer souffrances et joies, accrochages et succès, de se souvenir des camarades morts au combat.

C’est ainsi que, dès le 3 novembre 2005, l’Amicale des Anciens du « 3 » et des troupes de Marine a réuni ses membres venant de toute la France pour tenir son assemblée générale, visiter la ville et la salle d’honneur du régiment et passer ensemble de bons moments de camaraderie jusqu’à l’après-midi du 4 novembre 2005.

Après ces préludes d’ordre associatif, les cérémonies officielles du cinquantenaire ont commencé. A 16h00, la messe regroupait tous les militaires du 3 et leurs familles, tous les Amicalistes et leurs épouses, les autorités civiles et militaires, les représentants des Associations patriotiques, dans la cathédrale Saint Michel (plus de 1  200 personnes). Sept prêtres officiaient ; la chorale du 3 ème RPIMa chantait : c’était impressionnant.

Le temps de traverser le boulevard pour rejoindre le Mess et les Anciens se retrouvaient dans trois grandes salles à l’invitation du Régiment pour un repas pantagruélique sous forme de buffet. Étaient présents tous les anciens Chefs de Corps du 3 qui sont devenus des généraux prestigieux et tous les officiers actuels et leurs épouses.

A 20h30, il fallut écourter les agapes et descendre affronter le froid dans la cour du quartier Laperrine. De vastes gradins permirent aux nombreux invités de trouver une bonne place pour admirer le spectacle qui allait nous ravir pendant deux heures.

Sur deux écrans géants étaient projetés des photos et des films des campagnes du 3 ème RPC puis du 3 ème RPIMa. Devant les tribunes, sur des chaises, prirent place au moins 15 généraux et les personnalités civiles et militaires du département. Suivies par les projecteurs, les Compagnies arrivèrent en chantant et se mirent en place autour de la cour. Toute l’assistance se leva quand arriva le glorieux Drapeau du 3 et sa Garde.

Les évocations des campagnes du 3 reprirent. Maintenant, c’étaient des tableaux vivants en tenues et armements des années 50 : le colonel BIGEARD sous sa guitoune donnant les ordres à ses capitaines, une opération héliportée avec hélico Sirkosky (fabrication maison en contreplaqué), le dernier combat et la mort du célèbre sergent-chef SENTENAC dans les dunes du Sahara.

La dernière section instruite par la 11 ème Compagnie sortit de l’ombre et se figea au centre de la cour : les généraux se levèrent pour remettre les fourragères. Le colonel GUIBERT, actuel Chef de Corps, félicita ces jeunes présentés au Drapeau et intégrés au Régiment. Des Anciens furent décorés devant le Drapeau.

Et voici le moment le plus émouvant : émergeant du porche d’entrée, dans la nuit, 12 torches traversèrent la cour en file indienne et se rangèrent face aux généraux. Ces 12 Anciens du 3 ème RPC d’Algérie, béret rouge, blazer bleu marine, nombreuses décorations pendantes, furent longuement applaudis par tous les spectateurs debout.

Arrivèrent alors 12 jeunes, tenue camouflée, et bérets rouges ; ils se rangèrent face aux Anciens qui, d’un geste large, leur passèrent les 12 torches, symboliques flambeaux. Et les jeunes partirent vers le porche de sortie de la Caserne restée dans l’ombre.

Les deux immenses écrans s’allumèrent : le général BIGEARD filmé dans son bureau de Toul nous transmit son message. Son état de santé et ses 89 ans ne lui avaient pas permis de se déplacer à Carcassonne. Cependant, son verbe est toujours aussi vif et évocateur. Il parla de sa foi dans le 3, de la valeur de ses petits gars souples comme le cuir et dur comme l’acier, de son bonheur d’avoir crapahuté avec eux et il souhaita au 3 ème RPIMa d’être et durer. Les applaudissements redoublèrent et les Compagnies sortirent de la cour.

Drapeau en tête, tout le Régiment, en chantant, suivi par les projecteurs, rentra par un porche, défila devant les tribunes et disparut à l’autre extrémité de la cour, dans la nuit…

Nous n’avions pas vu passer le temps : il était 23h00. Tout le monde se sentait frigorifié, mais enthousiasmé. On se dirigea rapidement vers le gymnase chauffé où la Blanquette et les petits gâteaux nous firent oublier la froidure.

Le matin du Samedi 5 Novembre, pour les courageux qui osèrent affronter le froid, une présentation de matériels nouveaux permit aux Anciens d’actualiser leurs connaissances en parcourant les divers stands. Pour les frileux, la visite commentée de la salle d’Honneur retraça toute l’histoire du 3 : l’Algérie, le Tchad, le Liban, l’Afrique, le Kosovo…

A 14h00, dans la salle de conférence, plus de 300 personnes (Anciens et Jeunes du 3) suivirent l’exposé de Madame Geneviève de GALARD qui présentait puis dédicaçait son livre « Une femme à Dien Bien Phu ».

Pour finir, de 20h00 à l’aube, le bal régimentaire rassembla plus de 800 personnes dans la salle du Dôme.

Colonel Albert AUTHIER