Par le Général ROISIN, commandant l’EMSOME
et Père de l’Arme des Troupes de Marine

 

Héritière du CMIDOME (1), devenu organisme de formation du CoFAT (2) en 1999, installée à Rueil Malmaison depuis 2003, l’EMSOME assure la mise en condition du personnel désigné pour une affectation de courte ou longue durée hors de métropole et participe à la préparation opérationnelle des unités engagées outre-mer et à l’étranger. De plus, le général commandant l’EMSOME exerce la responsabilité de « père de l’arme des troupes de marine », cette école est leur maison mère.

La politique de formation de l’EMSOME.

Les exigences du service OME imposent la compréhension des milieux socioculturels incluant la connaissance des caractéristiques géographiques, historiques, économiques et géopolitiques. Le rôle de l’école consiste à favoriser l’acquisition des principes comportementaux et du savoir être adaptés à l’environnement dans lequel le militaire accomplira sa mission. Cet aspect concourt directement à la capacité opérationnelle des formations stationnées outre-mer et à l’étranger.

La politique de formation repose sur les directives de préparation opérationnelle de l’armée de Terre et sur l’expérience accumulée par l’école (40 destinations traitées ou veillées en 2005) enrichie de l’étude des enseignements tirés après chaque mission ou opération.

La formation d’adaptation à l’outre-mer et à l’étranger.

Les jeunes cadres de l’armée de Terre, ayant vocation au service hors de métropole ou volontaires pour y servir, suivent une formation d’adaptation (une semaine pour les sous-officiers, deux semaines pour les officiers) permettant d’acquérir une connaissance suffisante des différents milieux humains et physiques de l’outre-mer français et des pays et régions dans lesquels la France entretient une présence militaire.

L’école dispense également un enseignement s’adressant aux officiers, sous-officiers et militaires du rang de l’armée de Terre, mais aussi des autres armées et de la gendarmerie à l’occasion de stages d’adaptation au titre d’une affectation dans une formation du service militaire adapté ou d’une mission de coopération militaire et de défense. Des stages spécifiques sont par ailleurs proposés aux attachés de défense et aux chefs de corps des formations stationnées outre-mer. De plus, tout militaire affecté pour une mission de longue durée (2 ou 3 ans) au sein d’une formation des forces peut participer à une journée d’information sur le territoire de destination. Les conjoints des militaires mutés sont également invités à assister à cette information.

Une large part de l’activité des instructeurs est consacrée à la mise en condition opérationnelle des unités avant une projection, en mission de courte durée (4 mois). Enfin, l’école participe à l’information destinée aux hautes autorités civiles et militaires en mission d’inspection dans les zones ou pays traités par l’EMSOME.

La formation est assurée par les instructeurs militaires, officiers ou sous-officiers, affectés à l’école, recrutés pour leur expérience du service hors de métropole acquise par de nombreuses missions, par des officiers experts de questions géopolitiques appartenant à des organismes militaires traitant de ces domaines (l’OTAN, le terrorisme, la coopération militaire et de défense..), mais aussi par des universitaires, chercheurs ou journalistes, à la compétence reconnue, chargés de conférences à l’école.

 Les troupes de marine en 2006.

Constitués à l’origine pour tenir garnison outre-mer, les troupes de marine sont aujourd’hui fortes de 18 000 hommes et femmes, organisés en 36 régiments ou bataillons, dont la moitié est stationnée hors de métropole. La vocation de l’arme des troupes de marine est la priorité pour le service outre-mer et à l’étranger.

Seule arme au sein de l’armée de Terre qui regroupe des métiers différents : infanterie, blindés, artilleurs et transmetteurs, qui s’appellent marsouins ou bigors (ces derniers sont des marsouins qui tirent au canon). Une des neuf brigades interarmes de l’armée de Terre est constituée quasi exclusivement de marsouins et bigors, la 9 ème brigade légère blindée d’infanterie de marine dont l’état-major est stationné à Nantes.

Les autres régiments « colo » appartiennent à la 11 ème brigade parachutiste (Toulouse), à la 2 ème brigade blindée (Orléans), à la 6 ème brigade légère blindée (Nîmes) ou à la brigade de forces spéciales terre (Pau). Les régiments qui appartiennent à la 9 ème BLBMa et à la 6 ème BLB entretiennent un mode d’action spécifique, l’amphibie, qui donne lieu à une formation et à des entraînements particuliers.

Les autres régiments ou bataillons stationnés outre-mer et à l’étranger font partie des forces pré positionnées dans nos départements, territoires ou collectivités d’outre-mer ainsi que dans les pays liés à la France par des accords de défense . Ils arment majoritairement les formations du service militaire adapté (SMA) qui offre à la jeunesse de nos départements d’outre-mer une formation professionnelle acquise en milieu militaire.

Tous sont unis autour d’un symbole unique : l’ancre d’or, marque d’un style propre dont les traits essentiels sont une fraternité d’arme, une faculté d’adaptation et une culture de l’autre (celui qui vit, pense et croit différemment et que l’on côtoie à chaque mission).

La culture « coloniale ».

La culture coloniale, celle des « bâtisseurs d’empire » d’hier, anime l’EMSOME à plusieurs titres, d’abord par la responsabilité de « père de l’arme » du général commandant l’école, gardien des traditions de l’arme des troupes de marine, héritière des troupes coloniales. Le personnel de cette arme cultive toujours cet état d’esprit de nos anciens, cette aptitude à s’intéresser et comprendre l’autre, reposant sur la connaissance, sur la curiosité, sur la faculté d’adaptation et sur l’étude des récits de nos illustres prédécesseurs. L’école participe à entretenir ces liens non seulement avec nos frères d’armes africains mais aussi avec ceux d’autres continents. Si aujourd’hui les relations avec nos alliés européens se sont multipliées (Allemagne, Royaume Uni, Pays-Bas, Autriche, Grèce), les liens qui nous unissent à nos frères d’armes africains sont le fruit de cette histoire commune. L’école accueille ainsi régulièrement des délégations ou des stagiaires étrangers à Rueil Malaison.

Les troupes de marine ayant vocation à servir prioritairement outre-mer et à l’étranger, c’est donc logiquement que le personnel de l’EMSOME est issu majoritairement, mais sans exclusive, de cette arme.

Dans cet esprit, l’école est chargé de l’organisation annuelle des commémorations des combats de Bazeilles, à Fréjus les 31 août et 1 er septembre ainsi qu’au village de Bazeilles dans les Ardennes en septembre.

A l’instar des autres armes, les TDM s’adossent désormais à cette école qui devient leur maison mère. Les TDM sont une composante de l’armée de Terre, avec une identité forte et un style qui lui est propre fait d’une fraternité d’arme entretenue par des rapports humains simples et chaleureux entre compagnons d’arme, d’une faculté d’adaptation, issue de l’histoire et d’expériences opérationnelles réitérées, d’une culture de l’autre, perpétuant l’aptitude à nouer des contacts avec les populations côtoyées et gagner leur confiance.

(1) CMIDOME : centre militaire d’information et de documentation sur l’outre-mer et l’étranger.
(2) CoFAT : commandement des organismes de formation de l’armée de terre.